Quand le doute s’installe
Je n’ai pas écrit depuis un long moment. Pas que je ne voulais pas, mais je ne pouvais pas.
Pourquoi, vous vous demandez ? Simple.
J’ai été écrasée.
Et voilà comment ça s’est passé, histoire que ça ne se passe pas pour vous.
En septembre, je suis allée, remplie d’espoir et des étoiles plein les yeux à une conférence pour auteur à York. J’ai rencontré des gens supers, avec lesquels je suis toujours en contact, les workshops étaient intéressants. Mais je n’étais pas préparé à la brutalité d’une rencontre face à face avec un agent.
Pas que les agents que j’ai rencontrés soient volontairement méchants. Ils avaient dix minutes pour dire ce qu’il pensait de mon travail en ayant lu au préalable les trois premiers chapitres. Ils y sont allés direct, franco, sans gants.
Pour résumé ma session : pas de voix, pas de style, pas unique, pas de marché pour mon manuscrit. Voilà. Merci. Au suivant.
Après les deux sessions, je suis retournée dans ma chambre et j’ai pleuré comme jamais. Je crois que tout York a dû m’entendre. Puis je me suis décidée à ne pas passer tout le week-ends recroquevillée sur ma propre douleur. J’ai rencontré d’autres personnes, parlé avec d’autres agents posé des questions sur mon travail, mes idées et compris, jusqu’à un certain point ce que les agents avaient voulu me dire.
Je suis partie en me disant que dans l’ensemble c’était un week-end constructif.
Ce que je ne savais pas, c’est qu’au plus profond de mon âme, le vers du doute et de l’auto dépréciation avait élu domicile. À chaque fois que je m’installais à ma table pour écrire, les idées refusaient d’apparaitre. Je n’en avais qu’une. « Tu ne sais pas écrire. Tes idées sont mauvaises et banales. Tu ne seras jamais un auteur. »
Et cet état d’esprit a duré longtemps. Presque un an. J’avais beau me dire, qu’il fallait que j’en sorte, plus je me le disais, moins ça allait.
La question maintenant est la suivante. Peut-on se passer de ces conférences et la rencontre avec des professionnels ? Je ne le pense pas. C’est quelque chose de très commun au pays anglo-saxon et fait progresser les écrivains. Cela peut être brutal, mais au moins, ça a le mérite de montrer la réalité du marché.
Mais choisissez les personnes que vous rencontrez de la bonne manière. Si vous rencontrez des agents, faites des recherches sur qui ils sont, ce qu’ils aiment. Essayez d’entendre leurs avis, sans le prendre trop personnellement. C’est sur ce point que j’ai raté. Et six mois plus tard, je m’en remets tout juste.
Et je vais repartir à la rencontre d’agents avec, je l’espère un projet plus abouti.
2020 : petit appendice. L’agent qui m’avait dit de manière assez brutale que je n’avais ni voix, ni style et que mon projet n’intéresserait personne a dit la même chose à une amie. Qui elle aussi a été dévastée. Sauf qu’elle, son manuscrit a été acheté deux mois plus tard par une maison d’éditions et elle en est à son quatrième roman avec eux. Comme quoi, les avis reste des choses très personnelles.